[Souveraineté 5/6] Expression contre liberté
Maintenant, tu sais que des mecs en costumes ont un peu trop envie de se glisser dans tes messages privés. Tu sais aussi que tu as intérêt à lisser ton discours et peut-être ta pensée, si tu veux avoir le droit de t’exprimer sans te faire saper ta visibilité, et que par effet inverse, internet a tendance à mettre sous ton nez les choses les plus aseptisées. Heureusement, tu peux te contenter de fermer ton ordinateur, toucher de l’herbe, et tout ça n’aura plus tant d’importance. Hein ? HEIN?

En fin 2024, un homme a été licencié pour avoir posté un même sur sa messagerie professionnelle pour déconner un peu. Bon… Injuste, mais risible : Il y a aussi ce patron poussé à la démission par les justiciers de Médiapart. Il avait eu le malheur de liker des posts de Sarah Knafo sur LinkedIn.
Non mais attends, tu te rends compte? C’est SCAN-DA-LEUX!
En France, nous sommes encore protégés par le code du travail en ce qui concerne notre liberté d’expression dans le cadre privé. À l’international, ce genre de cas n’est pas unique. On rapporte des licenciements pour “discours haineux”, “racisme”, et même “mauvaise blague”.
Sachant que le fait de dire qu’on ne peut pas devenir une femme quand on est né homme entre dans ces catégories, où est la limite pour une blague ? Dans un monde où la définition de “racisme” s’est élargie bien au-delà de la hiérarchisation des races, et que certaines personnes se réservent l’autorité sur la question, peut-on objectivement établir une limite à partir de laquelle un message tombe sous le coup de la loi ? Qu’est-ce, réellement, qu’un discours haineux ?
La sensibilité des personnes est une variable qui déterminera si elles seront offensées ou non. Si elles le sont, alors sommes-nous en tort?
Bon, perdre son job pour un tweet, c’est une chose, et comme je l’ai dit, ça n’est pas courant au pays du fromage, pour le moment. Cependant, d’autres choses cocasses peuvent t’arriver si tu n’as pas le bon avis. D’abord, au Canada pendant le COVID, des manifestants contre le masque et le vaccin forcé se sont vus bloquer leur compte en banque.
“Il s’agit là d’une manifestation”, me diras-tu, “pas d’un post en ligne. Tu divagues”.
Attends : cette idée de bloquer les comptes en banque a été, semble-t-il, appréciée par les banques françaises, qui ont commencé à faire pareil avec des influenceurs d’un certain bord politique.
Tu ne les aimes pas ? Tu ne partages pas leurs valeurs ? Certes, c’est ton droit, il n’y a rien à dire là-dessus. Cependant, ce blocage ne résulte pas d’actes condamnables et n’a pas été décidé par un juge, mais par des banques nationales, et pour des désaccords politiques.
Bloquer leur compte en banque peut avoir des conséquences graves sur leur vie : du jour au lendemain, impossible de faire ses courses, impossible d’acheter une maison ou une voiture (pas de prêt possible)…
Cela me semble excessif comme punition pour avoir seulement offusqué des gens sur internet.
En Angleterre, ils ne perdent pas non plus de temps sur la question. Là-bas pour un simple tweet, la police débarque chez toi et te met au trou.
Imaginez la discussion avec ses camarades de cellules :
- “Pourquoi t’es là toi ?”
- “Vol à main armée et trafic de drogue, et toi?”
- “J’ai Twitté un truc raciste”
- “Dinguerie”
Plutôt dystopique, non?
On va finir avec un cas en France, qui cette fois pourrait tous nous concerner. Connais-tu Signal? ElementaryOS ? Tails ? Tor ? Utilises-tu LUKS pour tes partitions système ? Espèce de sale terroriste dégoûtant. Un groupe de 7 jeunes s’amusant à mettre en place des moyens de protection de leur vie privée s’est fait alpaguer, mettre en garde à vue et hautement surveiller.
Si vous n’avez rien à vous reprocher, il ne faut pas avoir peur.
Pourquoi vouloir garder ses interactions en réseau pour soi, sans faire croquer le gouvernement ? Et d’ailleurs, chercher à accumuler des compétences dans la protection de la vie privée et la maîtrise de l’outil informatique, c’est du terrorisme.
POSE DOUCEMENT CE MANUEL DE CYBERSÉCURITÉ SUR LE SOL !

Outre l’incompétence bien décrite dans l’article de LQDN, l’utilisation INSUPPORTABLE des mots “cryptage” et “crypté” au lieu de “chiffrement” et “chiffré”, on voit se profiler, entre cette affaire et les précédentes, une réelle volonté de contrôle sur l’utilisation de l’outil informatique par la populace.
Tout ça pour montrer la chose suivante : on peut venir te chercher dans la vraie vie pour des choses que tu as faites en ligne, derrière ton ordinateur. Et sans nécessairement qu’il s’agisse d’activités criminelles.
Tout ce que tu feras sur internet pourra être retenu et utilisé contre toi lors d’un procès.
Les exemples comme les pertes de jobs pour tweet sont non-documentés voire inexistants en France, pour le moment. Notre Micron de service et son gouvernement semblent se montrer de plus en plus autoritaires et craintifs face à la critique, et beaucoup des sources utilisées pour cet article le mentionnent : il y a de quoi s’inquiéter pour le futur de la liberté d’expression en ligne.
Ne rate pas la suite, qui débarquera en trombe la semaine prochaine ~