[Souveraineté 6/6] Conclusion
Dans un premier temps, ta souveraineté sur tes données personnelles n’est pas tellement prise au sérieux par les grandes entreprises et si tu utilises les appareils de base - PC sous Windows avec Chrome, téléphone sous Android avec les apps Meta, sans aucune modification - la RGPD ne pourra rien faire pour te sauver, un profil associé à ta personne sera automatiquement alimenté pour te proposer les meilleures publicités.
Dans un second temps, si tu postes des choses qui ne plaisent pas, soit au gouvernement, soit aux autres utilisateurs des plateformes, tout ça peut être supprimé et ton accès à la plateforme coupé sans nécessairement que tu n’aies enfreint la loi, et parfois par pur tribunal populaire, car dans le doute, les plateformes sont encouragées à supprimer le contenu quoi qu’il arrive.
Enfin, on a vu que ton activité en ligne peut avoir, dans certains cas, des conséquences graves même dans ta vraie vie et qu’on peut s’attaquer à ta liberté pour diverses raisons, sans, encore une fois, que tu n’aies forcément à enfreindre la loi.
Attention, ne te méprends pas. Dans les cas où les choses postées dépassent les règles des plateformes hôtes, c’est normal qu’il y ait des sanctions, et dans les cas où la loi est enfreinte (pornographie infantile, harcèlement d’une personne en particulier…) il me semble normal de voir des conséquences dans la vraie vie.
Cependant, aujourd’hui les règles sont de plus en plus floues, et on peut assister à de diverses occasions à des “délits d’opinions”. Penser des choses devient un crime.
Je me rappelle il y a 10 ans quand internet n’était pas aussi centralisé qu’aujourd’hui, avoir eu un plaisir fou à naviguer de blog en blog, et à voir toutes sortes d’avis extravagants, quelquefois complotistes, voire extrêmement radicaux (bien plus que ce qui est aujourd’hui puni), mais le reste du temps, justes ou raisonnables. Alors âgé de 16 ans ou moins, j’ai lu toutes ces choses, m’en suis imprégné et ai su démêler le stupide et le dangereux du reste. J’ai passé un nombre effroyable d’heures sur 4chan et pourtant jamais il ne me serait venu à l’idée d’emmener une arme à l’école ou de me masturber dans la trousse de mon voisin, ou que sais-je encore. Les fous du bus n’ont pas besoin de ça pour être fous.
En apposant de façon aussi virulente des jugements de valeur sur ce que les gens pensent, on les radicalise plus qu’on ne les convainc.
Quand un gauchiste te dit qu’il faut “éduquer” la population et que tel post a tel effet sur les masses, il sous entends que les masses sont des papiers buvards. Qu’il y a les grands zététiques de la pensée sans qui personne ne pourrait avoir un avis valable, et les autres qui sont trop cons pour avoir leurs propres interprétations. Personnellement, je refuse cette pédanterie.
Vouloir n’autoriser que la “vérité” en ligne est aussi une erreur. Un fact-check n’est valide que jusqu’à ce qu’il se fasse fact-checker, et si on criminalise le fait de penser des choses fausses, on n’a pas fini de tourner en rond. S’il existe des vérités incontestables, comme le fait qu’on ne puisse pas changer le sexe qu’on a eu à la naissance, on ne connaît pas toujours la vérité.
Par ailleurs, malgré mon opinion pas fameuse sur les gens qui n’ont pas aimé la phrase précédente, j’aime le fait qu’ils puissent penser, exprimer leurs idées et débattre.
“Mais si on laisse tout le monde s’exprimer, c’est le bordel”.
Oui, ça s’appelle internet, et ça a toujours été le bordel. Il s’agirait de grandir et de se responsabiliser.

Soit tu acceptes que c’est le bordel et tu apprends à y naviguer, soit tu fermes ton ordinateur et tu fais autre chose. La vie regorge de choses à faire.
J’aimerais revenir sur ce qui est de la qualification de discours de haine.
Avec des qualifications et des lois floues et le refus d’offusquer qui que ce soit, on limite énormément l’expression et par là même, la pensée.
Mon avis est que les “discours de haine”, les “discours dangereux”, le “complotisme d’extrême droite” ne sont que des rabots faits pour lisser la pensée des personnes, au même titre que les LLMs tendent, eux, à lisser les cerveaux (mais enfin, c’est une histoire pour une autre fois).
Aujourd’hui, ça s’arrête généralement à la censure, mais demain, les conséquences pourraient se porter progressivement vers votre liberté dans la vie réelle avec des idées qui circulent notamment pour vous faire utiliser votre identité civique sur les réseaux sociaux. Le blocage de banque qui existe déjà pourrait être accompagné d’une coupure des aides sociales, par exemple un blocage de la carte verte, ou autre.
Je préfère un monde dans lequel tout le monde exprime ses pensées les plus abjectes et radicales sur internet, qu’un monde rempli de frustrés cyniques et sadiques qui ne peuvent s’exprimer sur rien, ressemblant à des descriptions de l’URSS à l’époque des goulags.
J’espère que cette série d’articles t’aura plu. Tout ce qui a été dit peut sembler déprimant, mais tu dois te rappeler que si tu n’es pas souverain de ta vie en ligne, ce n’est pas la fin du monde. Le plus important, c’est de rester souverain de tes idées et valeurs.
Et rien de plus simple avec mon sponsor du jour, Ground Ne… non, je déconne.

À venir plus tard : des articles sur des moyens de défendre ta souveraineté sur tes données.
Prends soin de toi, fais du sport, et n’oublie pas de toucher de l’herbe cette semaine.